En 2009, une équipe internationale de scientifiques identifiait neuf frontières planétaires à ne pas dépasser pour garantir un écosystème viable pour l’humanité. Aujourd’hui, quatre d’entre elles au moins le sont déjà: le réchauffement climatique, l’érosion de la biodiversité, et la perturbation des cycles de l’azote et du phosphore. Les deux premières sont relativement observables dans nos régions: la température moyenne a déjà augmenté d’environ 2 degrés depuis ; en Suisse, et la biomasse d’insectes a diminué de 76% en 30 ans en Allemagne.
Ces éléments pourraient déjà être suffisamment inquiétants pris un à un, mais ils sont évidemment partie prenante d’un système d’interactions complexe, et certain·e·s prennent goût à les réunir pour dresser de sombres perspectives. Oubliez vos grandes projections d’avenir, les imaginent un effondrement global de nos sociétés dans les prochaines décennies.
L’originalité de ces théories quasi-apocalyptiques est pourtant bien de se baser sur des faits scientifiques reconnus. Ce n’est pas une fin du monde brutale qui est décrite, mais une progression déjà en cours de crises hétérogènes plus ou moins intenses, exacerbant les inégalités et se combinant : multiplication des catastrophes naturelles, sécheresses, conflits autour des ressources et de l’énergie, conflits sociaux, crises financières, politiques et sanitaires…
Des inconscient·e·s? Peut-être: pour la plupart des personnes, la peur n’est pas le meilleur moteur d’action, alors qu’il y a beaucoup à faire pour améliorer la situation. De plus, l’écoanxiété, état de tristesse profonde face à ces crises, touche un nombre croissant de personnes, en particulier des jeunes. Mais minimiser l’ampleur du problème n’aidera en rien.
Alors que certain·e·s parlent de ces problématiques comme autant d’opportunités d’ouverture de nouveaux marchés, le décalage est grand avec les collapsologues qui ont le mérite de soulever un tabou: si nos besoins de base sont satisfaits dans le cadre actuel, ce n’est pas un acquis définitif, même en Suisse, île dorée. Dans ce contexte, le concept de résilience d’une société – sa capacité à résister aux épreuves – devient primordial et doit être abordé de manière transversale dans toutes les politiques et à tous les échelons (y compris communal), au même titre que la lutte contre les causes des crises écologiques.
La thématique d’un effondrement possible de nos sociétés sera approfondie durant le week-end du jeûne à Yverdon, à l’occasion du festival AlternatYv où vous êtes bienvenu-e-s pour participer aux débats.
candidat au Conseil national
