Chronique La Région par Théophile Schenker
La nouvelle fait le tour des médias chaque année. Ce lundi 29 juillet, l’Humanité a consommé son « budget nature » annuel. Par nos activités (empreinte écologique), nous avons consommé et pollué en sept mois ce que la Terre peut produire, régénérer, réparer en une année entière (biocapacité). Nous commençons donc à puiser dans les réserves, à vivre au crédit des générations futures. Pire : si chacun·e vivait comme les Suisse·sse·s, ce jour serait atteint le 7 mai déjà. L’analogie pécuniaire est souvent utilisée : la situation est similaire à celle d’une personne qui dépense environ deux fois plus que son salaire. Pour arranger le tout, chaque mois les dépenses – l’empreinte écologique – augmentent, et le salaire – la biocapacité – diminue.
La nouvelle fait le tour des médias, mais ne soulève pas autant qu’elle devrait. Le lendemain, nous passons à autre chose. Nous nous habituons à un constat régulier de faillite, nous nous en accommodons, nous en oublions la gravité, nous le nions parfois, ou nous n’arrivons pas à le lier à notre vie quotidienne. Utiliser moins que ce que notre planète peut donner, cela ne semble pas être un objectif. Un visiteur extraterrestre nous tiendrait probablement pour des fous.
La nouvelle fait le tour des médias, mais la prise de conscience écologique n’est toujours pas réellement faite. Nous ne sommes pas prêt·e·s aujourd’hui à adopter des stratégies politiques qui visent à amener notre empreinte écologique au-dessous de la biocapacité terrestre. On pourrait penser que c’est au moins le point de départ des objectifs mondiaux de développement durable. Mais non, même ceux-ci donnent plus d’importance à la croissance du PIB, rêvant d’une croissance économique qui diminuerait simultanément l’empreinte écologique. Ce rêve, nommé découplage, n’a pourtant jamais pu se concrétiser, et c’est plutôt l’inverse qu’on observe.
Ne nous décourageons pas, car des solutions existent et les mobilisations se multiplient, avec notamment le mouvement de la Grève du Climat dont les représentant-e-s européen-ne-s se rencontrent la semaine prochaine à Lausanne (manifestation prévue le vendredi 9). Mais parlons des notions d’empreinte écologique et de biocapacité davantage qu’une fois par année, remettons-les au centre. Le PIB ne peut plus être utilisé comme indicateur de réussite d’une société, car il les méprise. Son utilisation contribue à faire avancer chaque année le jour du dépassement.
candidat au Conseil national
