En début de semaine passée, d’épais nuages de fumée plongeaient São Paulo dans l’obscurité, soulignant la catastrophe écologique en cours dans la forêt amazonienne et provoquant une vague d’émotion mondiale. Nous assistons, totalement impuissant-e-s, au départ en fumée d’une fabuleuse biodiversité, construite durant plusieurs millions d’années et perdue à tout jamais : reboiser ne ramènera pas ce qui a été détruit. Nous assistons aussi à un emballement climatique : la forêt amazonienne et les forêts tropicales en général, perdent de plus en plus leur rôle régulateur de puits de carbone.
Ces incendies sont dus principalement à la sécheresse liée au réchauffement climatique et à la déforestation. Avec des incendies volontaires, parfois illégaux, celle-ci a spectaculairement accéléré depuis l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro, qui a mis en place un climat d’impunité et a pris soin de saper méthodiquement de nombreuses mesures de protection de l’environnement.
Mais il ne peut pas être tenu pour unique responsable. La déforestation de la région bénéficie essentiellement à l’élevage bovin, à l’agriculture intensive (notamment : soja OGM, huile de palme) et à l’exploitation minière, des secteurs largement promus par les politiques de libre-échange international.
Ce week-end, Guy Parmelin annonçait fièrement la signature d’un traité de libre-échange entre l’AELE (Islande, Liechtenstein, Norvège et Suisse) et le MERCOSUR (pays d’Amérique du Sud). Le timing ne pouvait donc pas être plus mauvais.
Côté suisse, une pression de plus en plus forte est mise pour produire une nourriture de qualité, avec moins de pesticides, sans abîmer les sols. Ces efforts sont très importants, mais deviennent injustifiables s’il s’agit en parallèle de favoriser des importations sud-américaines aux normes environnementales calamiteuses, et venant concurrencer la production locale de manière déloyale.
Cet accord contribue ainsi à externaliser davantage nos pollutions au Brésil, tout en ajoutant encore de la pression sur une agriculture locale sacrifiée au profit d’industriels transnationaux. Sur les réseaux sociaux, les agricultrices et agriculteurs locaux sont nombreux à le faire remarquer. L’affaire rappelle à quel point libre-échange international et bon sens écologique sont opposés, mais pourrait bien, espérons-le, mettre d’accord milieux agricoles et écologistes pour bloquer la ratification du traité au parlement.
candidat au Conseil national
